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jeudi 24 septembre 2015

Cet automne que je regrette...


J'aime l'automne. Pour un peu, cette saison pourrait être ma favorite. Mais c'est comme tout, les bonnes choses ont une fin. 

Depuis que je vis en Provence, je ne retrouve plus l'Automne de mon enfance, cette période de l'année si douce et réconfortante qui précède les jours maussades de l'hiver. La pluie est toujours là, mais elle se fait terne et triste sur les arbres grisonnants et la mer agitée.

J'ai des souvenirs lointains d'un passé plus coloré, teinté d'or et de pourpre, ou les feuilles tombaient pour former un matelas mouillé sur la terre sombre. Les rayons du soleil étincelaient d'une lumière orangée, éclatante, qui scintillait entre les arbres jusqu'à en être éblouissante. 

Nous étions chez mon Grand Oncle, cette figure emblématique de ma vie, ce mentor et ce grand-père que je n'ai jamais eu. La forêt qui bordait sa maison renaissait d'une pluie salvatrice, et il y régnait ce silence unique, celui des bois et des arbres. 
Le salon en vieilles pierres avait une odeur de maison ancienne, où le poids du temps se ressent à chaque angle, à chaque couloir et recoins. Je disparaissais presque dans les canapés moelleux, en observant la lumière du jour décliner derrière les fenêtres. C'était des parfums uniques, entre le vieux bois crissant, une poussière douceâtre et sucrée, la cendre froide et l'humidité naturelle des feuillages gorgés d'eau de pluie. 

Nous étions partis tous ensemble sur les sentiers environnants, à la recherche de quelques champignons à cuire le soir même. Les cèpes, c'est le trésor que nous offrent les sous-bois. On observe, on guette, et finalement, on en trouve cachées sous un branchage ou dans la fraîcheur minérale de la mousse verte. Les bottes dans la boue, les pieds qui glissent sur les chemins, c'était une simplicité que j'aimais et qui me manque. 
Après la cueillette, nous nous laissions tomber dans les fauteuils, les joues glacées et rougies par le vent saisonnier. 

Le soir même, nous dégustions notre butin autour d'une table de campagne, dans une atmosphère de convivialité et de réconfort. Ma mère tomba malade, les cèpes, ça ne réussit pas à tout le monde... Mais c'était surtout beaucoup de rires, d'histoires racontées et re-racontées. De plats à la bonne franquette, de nonchalance et de repos.



Aujourd'hui, je repense à ses souvenirs. Je les revois comme des flashs quand un parfum similaire me parviens, ou qu'un décor me paraît soudainement familier. Je cherche un peu de ce refuge nostalgique dans mon quotidien, mais ici, les arbres ne deviennent pas d'or et de pourpre entremêlés. La mer est capricieuse et s'assombrit, les pierres blanches semblent alors grisâtres et tristes. Ces décors du soleil deviennent alors déprimants sans leur astre bienfaiteur.

Je prends une couverture que je remonte jusqu'à la poitrine, je m'enroule presque dedans, et je regarde paisiblement la flamme d'une bougie parfumée vaciller dans mon appartement. J'ai fais un chocolat chaud avec ce que j'ai pu, et je colle mes mains sur les parois de la tasse pour y trouver un semblant de chaleur. Circée sautille comme une folle sur le canapé, pour elle, c'est encore et toujours l'heure de jouer.
C'est un peu ça mon Automne désormais, un souvenir, et une fausse ambiance qui me donne l'illusion d'y être encore. Parfois on aimerait remonter le temps, revivre des souvenirs qui nous sont chers et les repasser en boucle comme un CD rayé. Il me manque cet Automne. Il me manque.


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