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mercredi 30 septembre 2015

Instagram et l'authenticité




Êtes-vous accro à Instagram ? Moi oui. Et ça n'a pas été sans conséquence...
Depuis quelques mois, je me surprends à passer tout mon temps libre à regarder des blogs et des comptes insta épurés, parfaits, propres. Je m'abreuve chaque jour de ses images et j'essaie de les reproduire, d'obtenir un résultat similaire.

Le mimétisme, ça n'a jamais été mon truc. Je ne rentre dans aucune case, et je suis la risée des gens qui aiment les choses bien rangées. Mon physique, mes goûts, mon attitude, rien ne laisse transparaître toutes les choses qui me composent. 
C'est une partie de moi que j'aime, et que je chéris. Surprendre, déstabiliser, susciter la curiosité et enseigner : voilà mes passes-temps favoris.

Une découverte...
Pourtant, je ne suis pas différente des autres, je me laisse souvent tenter par de jolies choses, et je veux les mêmes. Je peux acheter les dernières fringues à la mode, les produits de beauté branchés du moment, rejoindre les plateformes sociales tendances. 
C'est dans cette démarche d'esprit que je suis arrivée sur le monde féerique d'Instagram. Pinterest, je connais déjà. C'est ma maison depuis bien longtemps, et mon intarissable source d'inspiration. 
Mais Instagram, c'est autre chose... Pinterest éblouit, Pinterest émerveille, mais rien n'est instantané. Instagram, c'est la perfection en temps réel.

Au départ, j'étais totalement subjuguée par certaines bloggeuses : 4 à 5 photos par jour, toutes différentes, sublimes, léchées. Et rebelotte le lendemain. 
Ce qui n'était que de la fascination au premier abord est rapidement devenu une obsession. Je voulais faire la même chose, créer des photos avec mon téléphone qui soient incroyables... Qui me donne l'illusion que ma vie est aussi bien. 

J'étudiais mes cadrages, je téléchargeais applis sur applis pour modifier les éclairages, les filtres... J'ai usé de tout cela un long moment. Mes photos se sont améliorées, c'est certain.

J'avais rangé mes filtres vieillis au placard, pour les substituer à des éclairages extra lumineux, des murs blancs, des tables brillantes, des dentelles...

Un constat...
Après avoir forcé le trait à l'extrême, je me suis confrontée à un mur. Malgré mes efforts redoublés, mes photos prises avec mon modeste Wiko n'arrivait pas à la cheville de certains clichés d'IG pro.
Et quelque chose commençait sérieusement à m'agacer...

Au fond de moi, un sentiment de frustration et d'énervement se développait
Pourquoi cette fille arrive à manger des pancakes tous les matins, les présenter comme un chef 4* et en plus faire une jolie photo, tandis que moi je déjeune devant mon ordi à la va vite au travail, je n'ai que la lumière jaune de mon plafonnier pour m'éclairer et pas du tout le temps de passer derrière les fourneaux ?
Pourquoi cette fille a un appartement aussi magnifique, aussi propre, aussi neuf avec des fleurs fraîches, alors que le mien est un meublé qui souffre des aléas du temps, ma table n'est pas toujours clean et j'ai un arbre à chat, des fils électriques partout et des trucs qui traînent ?
Pourquoi cette fille a un animal mignon, assorti visuellement à son appart', qui pose à la perfection et qui dort dans des draps fleuris en ronronnant sagement ? Moi, la mienne est une petite croisée tachetée qui ne pense qu'à jouer, expulser les graviers de sa litière partout, et tourner la tête systématiquement quand je la photographie. 
Pourquoi ces gens font des choses palpitantes tous les jours, visitent les 4 coins du monde et sont toujours au bon endroit au bon moment tandis que moi je travaille en open space, j'attends mes vacances comme le messie et j'oublie toujours de sortir mon téléphone quand un truc incroyable se passe autour de moi ?

Ces questions me taraudaient sans arrêt. Je constatais plus tard qu'il faudrait même que je m'achète des objectifs pour mon téléphone si je voulais rester dans la course. 

Une révélation...
Un beau jour, je suis allée au port de mon village. Le ciel était très orageux, et la mer tellement agitée que j'en étais un peu effrayée. Ce paysage apocalyptique me faisait pourtant un bien fou... Ses vagues grondantes qui s'écrasaient sauvagement sur les récifs, ce ciel gris-noir qui formait des poches de nuages prêt à crever et se déverser à tous moments...

Il faisait froid, et ça n'avait rien de parfait. C'était le monde tel qu'il est, naturel, capricieux et changeant. J'ai pris mon téléphone, et j'ai fais une seule photo. J'ai mis le filtre Gingham sur mon cliché, et je l'ai posté.

Les couleurs ressemblaient à un souvenir passé, et la mer avait l'air brutale, authentique

Depuis ce jour, j'ai arrêté de faire la course à l'intérieur épuré, aux petit-déjeuners visuels et aux chatons romantiques. J'ai mis au placard mes cadrages ultra étudiés, mes fausses mises en scène. 

Je me suis rappelée que les propriétaires de ces comptes nous montrent avant tout ce qu'ils ont envie de nous montrer. Il y a du travail, de la composition, du matériel et de la recherche derrière ces photos. La vie ne ressemble et ne ressemblera jamais à cela.
C'est une manière douce d'arrondir les angles, de sublimer le quotidien, mais celui-ci reste avant tout ce qu'il est : la réalité.

Oui, la météo change, le temps n'est pas toujours au rendez-vous, les gens peuvent être bordéliques, mal habillés, vivre dans de petits appartements un peu nuls, avoir des animaux adorables mais imparfaits. 

J'ai continué mes photos. Mon filtre Gingham m'accompagne partout ! Même si mes images sont plus ternes, moins lumineuses et rayonnantes, elles me ressemblent. Je suis fière quand je les regarde, quand bien même elles ne plaisent qu'à moi. Je me sens moins menteuse, moins fausse. J'ai davantage l'impression de vous faire entrer dans mon existence et dans mes épreuves quotidiennes.

Instagram m'avait donné l'impression que ma vie était moins bien que celles des autres. 
J'ai tellement de chance pourtant. Un amoureux formidable, un chaton à croquer, un appart' vieux et ringard mais en bord de mer, un peu de maquillage, des passions, des responsabilités, une routine. Des choses simples, mais concrètes, tangibles. Et en fin de compte, c'est tout ce dont j'ai besoin, rien de plus. 

4 commentaires:

  1. C'est vrai qu'à force de voir autant de "perfection", on en arrive à se demande si c'est nous qui sommes vraiment des losers de ne pas avoir de tels résultats. Pinterest et Instagram restent pour moi des sources d'inspiration et de motivation pour tenir mon intérieur à peu près correct. Je sais bien que ce sera jamais aussi blanc et épuré que les publications que je vois mais si ça peut m'inciter à faire la poussière de temps en temps, à ne pas laisser trainer mes vêtements et chaussures partout dans l'appart'...pourquoi pas après tout.

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    1. Et oui, on a tendance à se remettre en question... Mais j'ai fais le même constat que toi, ça me pousse à faire le ménage ahaha !

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  2. C'est vrai que c'est le piège. Pendant un temps je regardais les comptes instagrams des professionnelles du fitness pour me remotiver. En revanche j'ai toujours regardé ça avec distance. Ces gens là ne bossent pas tout les jours, ne palpent pas le même salaire, ont un train de vie totalement différent. Je pars toujours du principe qu'il faut comparer ce qui est comparable. Quand je regarde l'instagram des top des Victoria Secret, je vois des femmes qui n'ont que ça a foutre, faire des régimes, de l'exercice, et travailler leur manière de marcher, et ce n'est même pas elles qui décident vraiment de la déco de leur intérieur. Elles ont une vie radicalement différente (et soyons honnête, je ne leur envie ni leur penthouse décoré comme un catalogue Ikea, ni leur maigreur siliconé anti-feminine) mais passons, c'était un exemple. Je rejoins ce que tu dis, nos vie ne sont pas nulles, elles sont différentes, et ça ne t'empêche pas de voir la beauté dans ce qui t'entourre, de t'épanouir dans ton environnement plein d'amour et chaleureux, car au fond il te correspond, c'est toi, et pas une autre.
    Je te dis un grand bravo pour cette prise de conscience car beaucoup de gens ne l'ont pas, et tu verras que ce principe de garder ses distances par rapport à l'imagerie qui nous entoure est quelque chose qui te sauveras de bien des angoisses et remises en question inutiles. Tu n'es pas ce que veux la mode ou la société, tu es ce que tu choisis d'être, tu montres ce qui toi te semble intéressant, tu suis ce qui te semble intéressant, beau, génial etc. Quand on regarde une image instagrams, il faut garder cette distance, cette inspiration, et regarder avant tout l'intention qui se cache derrière "que veut-elle montrer dans le fond?" et quand je vois tes images pleine d'authenticité, j'en lis bien plus que dans ces images plates et redondantes des stars (qui font toutes la même chose).
    Voilou pour mon petit pavé ^^ mais ton article m'a beaucoup plus, car il touche beaucoup d'ado qui elles n'arrivent pas à faire la part des choses que tu l'as fais :3
    Pleins de bisous à toi <3

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    1. C'est tellement vrai ce que tu dis... Ce monde manque vraiment de naturel, et on ne se rend pas compte à quel point on peut être manipulé par des images ! Derrière autant de perfection il y a énormément de préparation, et comme tu le dis très bien : ce sont des vies adaptées.
      Je suis tellement touchée par tes mots, et ravie de savoir que tu me suis avec autant d'assiduité. <3 mille merci ma belle

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